XIV
Le jour avait lentement laissé place à une nuit sans lune, cependant Tiloq n'avait eu aucun mal à trouver le campement skaven. Il avait été guidé par le son des coups de fouet et les gémissements des travailleurs tros lent. La dizaine de kroxigor nageait péniblement étant donné le poids considérable de leurs lourdes masses et Tiloq ordonna une brève pause lorsqu'il arrivèrent assez près de la rive pour avoir pied. De là ou il était il pouvait voir une masse de skavent habillée de guenille qui s'activait autour de petites embarcations à voile, sour l'ordre d'un technomage dont la patience atteignait ses limites face à l'avancé plutôt lente de la construction des barques de transport. Tiloq en avait assez vu, il devait maintenant aplliquer les ordres.
L'eau leur arrivait à présent jusqu'aux épaules, ils avançaient le plus silencieusement et lentement possible pour éviter que des remous ou des gestes tros brusques ne le trahissent, mais la nuit obscure les rendait invisible aux yeux des sentinelles. Enfin lorsque ils furent assez proche pour percevoir l'odeur nauséabonde de la gangrène, Tiloq fit le signe qu'il attendaient tous. Il leva le poing et comme un seul homme les lézards sortirent de l'eau et chargèrent la masse de skaven désemparée qui n'eurent plus qu'à esperer que leur mort soit rapide et sans douleur. Les rats étaient piétinés et sauvagement abatus par des grands moulinets de massue fauchant des dizaines de vermine à chaque passage. Les guerriers ou du moins les laches et les couard désignaient par ce grade militaire se frayait un chemin à coup de poignard parmi leurs congénères, pour échapper à la promesse de mort de ces pattes griffus et tachées de sang. Entre deux coups de massue Tiloq constatait les dégats. L'attaque surprise s'était déroulé avec merveille, il fallait esperait que cela continu.
Personne n’osait s’approcher du chef, dans la crainte de connaitre le même sort que les murs de la tente qui subissaient la fureur du grand chef de guerre skaven à coup de griffe.
-Comment, comment, hurlait- il. Comment ces horribles choses sont-elles arrivées ici. Ou est c’est infame idiot de Techuik.
Cet à cet instant qu’il aurait pu mieux choisir que le technomage entra.
Le grand chef de guerre s’avança et lui lacera le visage tout en hurlant au rythme de ses coups de patte.
-Sale idiot, sale idiot, sale idiot.
Le calvaire de Techuik s’arrêta lorsque l’un des généraux skaven prit sa défense.
-Arrêtez grand chef, nous avons besoin de lui pour faire fonctionner les machines d’invasion.
-Je fais ce que je veux, cria-t-il d’une vois stridente tout en enfonçant une de ses dagues dans la poitrine du rat qui se permettait de lui donner un ordre.
-Combien sont-ils, demanda-il d’une voix plus douce comme ci ce coup de dague l’avait calmé.
-Environ une centaine, mes hommes et moi-même en avons tués un grand nombre.
-Voilà qui est mieux, peut être resterez-vous en vie si nous réussisons à tuer ces ignobles choses. Apportez-moi mon armure, je veux que le grand seigneur voit que je suis digne de le seconder.
-Le grand seigneur va venir ?
-Oui il viendra, tachons donc de laisser une ou deux de ses créatures en vie pour qu’il se divertisse.
Les kroxigors faisaient maintenant face à une masse de skaven déterminé par la crainte et les menace de leurs chefs. Les rats chargèrent alors sous leurs ordres, brandissant leurs armes acérées et rouillées. L’impact de la charge fut violent et destructeur chez les skavens qui périssaient en s’écrasant sur les corps massifs des kroxigors. Les lézards fracassaient les cranes, les membres, et les boucliers de ceux qui tentaient de retarder l’inévitable.
L’un des kroxigors tellement absorbé à écraser les skavens qui passaient trop près de son énorme masse ne distingua que trop tard les trois ombres inquiétantes sur le sol. Il releva lentement la tête et reçu un coup de poing phénoménale qui le fit reculer de deux bons pas. Il secoua lentement la tête pour chasser l’étourdissement et aperçut enfin les trois rats ogres. Il frappa avec sa masse sur l’épaule du rat le plus proche, celui-ci couina mais reprit le combat, malgré son bras qui pendait pitoyablement à son épaule. Le rat ogre se jeta la tête la première sur le kroxigor qui lui assena dans un revers le manche de son arme sur la tempe. Le lézard venait de tuer le rat ogre mais il ne put esquiver les deux autres qui se jetèrent sur lui et le mordirent à la gorge.
Un des frères de mare du kroxigor au sol se jeta sur l’un des agresseurs tandis qu’un deuxième fracassa le crane de l’autre rat ogre d’un coup puissant mais précis de son arme lourde. Malheureusement il était trop tard pour le kroxigor qui gisait au sol la gorge mutilée par les coups de croc de ces effroyables hommes rats. A la vue de ce spectacle, le kroxigor courut pour aider son autre frère qui roulait sur sol dans sa lutte avec le deuxième rat ogre, mais il fut fauché par un intense rayon vert.
Le pilote de la roue infernale émit un rire strident et démoniaque à la vue de son tir, et dans un élan d’inconscience il se dirigea vers Tiloq. La machine roulait à vive allure écrasant bon nombre de soldat de son camp tout en se rapprochant du kroxigor qui se prépara au choc en enfonçant ses pattes dans la terre meuble et en présentant son épaule droite à la machine comme pour la défier. La roue infernale explosa à l’impact projetant des débris de planche de bois et des morceaux de pilote sur le reste des combattants.
Le grand chef de guerre skaven s’avança dans la mêlée et aperçut un rat ogre qui se débattait difficilement de l’étreinte d’un kroxigor. Le grand chef s’avança et dégaina sa lame qui projetait des lueurs vertes malsaines et trancha la tête du kroxigor libérant ainsi le coup du rat ogre. Le rat bien que sérieusement blessé essaya de se relever, mais il se vida de son sang par ses larges blessures à la gorges dans sa tentative.
Le grand chef de guerre s’avança de nouveau vers un kroxigor mais celui-ci l’ayant vu venir lui porta un coup vertical que le skaven évita sans mal. Il plongea vers le lézard qui relevait péniblement sa lourde masse et lui trancha la jambe à partir de la cuisse à l’aide de son épée magique qui avait ignoré les solides écailles du kroxigor comme si elles étaient faites de papier. Le kroxigor tomba au sol mais n’agonisa pas longtemps car la lame du grand chef venait de lui traverser le front.
Les kroxigors s’étaient regroupés, ils n’étaient plus que six, mais chaque kroxigor morts avait emporté avec lui des centaines de skaven. Mais ce n’était pas suffisant, ils combattaient à présent à un contre cent, contre mille, contre dix milles. Il y avait des skavens à perte de vue, jamais ils ne pourraient s’en tirer vivant. Cependant Tiloq avait une carte dans sa manche qu’il n’abattrait que lorsqu’il sure de ce qu’il supposait. Pour le moment gagner du temps était la seule solution, mais le temps était un luxe qui paraissait inaccessible au fur et à mesure que le chef de guerre skaven avançait.
Il venait d’atteindre un autre kroxigor et lui porta un coup de sa lame magique que celui-ci tenta d’arrêter en présentant le robuste manche en bois de son arme. Mais la masse ancestrale connu le même sort que les écailles ventrale du lézard. Le kroxigor se retrouva avec un morceau de son arme dans chaque main et une affreuse cicatrice sur le torse. Le kroxigor reculait tout en esquivant les coups surement meurtrier de son adversaire, tandis que le rat savourait ce moment en avançant lentement mais inexorablement vers sa future victime.
Le technomage qui assistait au spectacle depuis le haut de la colline ou se trouvait la tente du grand chef de guerre venait de finir de mettre en marche son canon à malefoudre. Il visa à travers la lentille grossissante et aperçut le duel entre le grand chef et le kroxigor. Bien sûr, il risquait d’y avoir des dommages collatéraux mais ce tir pouvait également accélérer son ascension sociale mais également augmenter son espérance de vie. Il actionna le canon et un épais rayon vert parcourut le champ de bataille et tua sur le coup le kroxigor, une vingtaine de skaven et également le grand chef de guerre.
-Oups, dit-il sur un ton presque sincère tout en se préparant à refaire feu.
Il visa de nouveau en plaçant son œil devant la lentille et aperçut qu'un autre kroxigor venait de saisir ce qui ressemblait à un morceau des armes qu’ils trimballaient avec eux. Techuik allait tirer mais un réflexe skaven lui fit baisser la tête lorsqu’il vit que le kroxigor projeta son morceau d’arme dans sa direction. Le lourd projectile passa trois bon mètre au-dessus de lui cependant c’était un tir fort précis en raison de la distance. Mais Techuik n’en avait que faire de la performance du lézard, il releva la tête et mis une nouvelle fois l’œil à son viseur pour sauter de son canon presque aussitôt, lorsqu’il aperçut l’autre moitié de l’arme qui se dirigeait droit vers lui. La deuxième fut la bonne, le kroxigor toucha la machine de guerre, entrainant son explosion qui emporta ses deux servants ainsi qu’un des bras du technomage. Techuik ne devait sa vie qu’à ses incroyables réflexes skavens et à son athlétique saut.
Les skavens s’étaient arrêtaient comme par magie, la mort de leur chef les avaient plongés dans un état étrange. Tous attentaient, ne sachant que faire. Fuir ? Attaquer ? Les kroxigors profitèrent de ce court instant de répit pour se réorganiser. Ils avaient perdu un autre de leurs frères mais les skavens semblaient déboussolés.
Soudain l’un des kroxigors tomba au sol, il hurlait tout en se tortillant de douleur. Des bubons lui poussaient tout le long du corps fissurant ses écailles sous la pression. Tiloq s’avança et mit fin aux souffrances de son congénère d’un seul et unique coup de massue. Ses craintes étaient fondées. Un Verminarque.
La bête se frayait un chemin parmi les rats qui s’agenouillaient à son passage. Il décapita un kroxigor d’un grand coup de sa hallebarde puis trancha les deux bras d’un second avec une telle vitesse qu’on ne pouvait suivre l’arme des yeux. Il allait si vite qu’il coupa la tête du kroxigor avant même que ces deux bras sectionnés n’atteignent le sol.
-Il faut retourner dans l’eau, ordonna Tiloq à son dernier frère restant.
Les deux kroxigors coururent vers la mer aussi vite que leurs jambes le permettaient, mais le Verminarque les rattrapait. Il trancha les jambes du frère de Tiloq avant de lui assener la pointe de sa hallebarde dans le cœur. Tiloq ne pouvait rien faire, il fallait qu’il atteigne l’eau. Il n’était qu’à quelques pas lorsqu’une intense douleur éclata dans son bras, il jeta un rapide coup d’œil et n’aperçut qu’un moignon ensanglanté. Il courait toujours vers l’eau quand une autre douleur éclata dans sa queue, il savait ce qui venait de se passer, il était inutile de regarder.
Enfin, il avait atteint la mer. Elle lui arrivait jusqu’à la taille et lui offrait un grand réconfort, mais cette sensation ne dura pas lorsqu’il aperçut le Verminarque qui lui faisait face. Tiloq se prépara à combattre, il saisit son arme de sa main encore valide et poussa un long et fort rugissement. Il para le premier et le deuxième coup mais le troisième lui sectionna sa deuxième main. Il était sans défense, il n’avait plus qu’à attendre l’inévitable.
Il était le plus fort, le plus malin, le plus dangereux. Jamais la terre n’avait connu un tel monstre de ce genre. Il était le plus fort, le plus malin, le plus dangereux et le plus patient. Il avait assisté à toute la bataille et avait choisi le meilleur moment pour en finir. Il était le plus grand prédateur de cette terre. Il se propulsa avec ses puissantes pattes dans une incroyable gerbe d’eau et saisit le Verminarque dans son immense mâchoire. Il le démembra à grand coup de mastication et l’avala avant de pousser un hurlement glacial qu’on entendit depuis l’autre rive.
L’armée entière fuyait devant ce colossal crocodile qui venait d’avaler leur grand seigneur d’une seule bouchée.